.

.
Forest, Hiver 63
.
.
(il faut tout faire pêter, mais doucement)
.
.
Forest, Hiver 63
.
.
.
.
.
.
à la Patrie, le poilu reconnaissant
.
.
.
Il a bon dos le poilu
depuis sa glorieuse fosse commune,
plus grand commémoré que vif
et sur les nerfs dans sa tranchée
quand il digérait son singe et fumait son gris
en attendant l’déluge de toute une industrie.
Il a bon dos le héros, mort pour la paix foireuse
qu’on fête, ma doué, pendant qu’on bombarde ailleurs
et que méthodiquement on prépare les prochaines
Il a bon dos d’avoir « donné sa vie pour la liberté »
sans qu’on lui demande du tout à fait son avis.
Enfin, désormais le 11 novembre, dès que la petite main du petit président a allumé la petite flamme
les commerces s’ouvrent, ornés des petits drapeaux comme à la coupe du monde
tandis que sous les ors de la république continue la grande braderie
qu’à nos alliés chinois, ricains, khazaques ou qataris
on solde nos fleurons de béton, nos fiers barrages, nos souples autoroutes,
nos riantes prairies où il y a à peine un siécle,
épique quoiqu’opaque époque,
gisaient les jeunes et bons dos de ces bons vieux poilus.
.
.
.
.
.
.